(continuer à) profiter de la vie et oser

Dire que le temps passe vite est un euphémisme. En rafale ? Ça a fait 1 an que je suis retournée au travail et déjà deux semaines que je panse mes plaies à la suite de la défaite de Pauline Marois (et la perte de mon emploi) au scrutin du 7 avril dernier. J’ai passé 40 jours à dormir 5 heures par nuit et à voir mon fils et mon mari deux fois par semaine. Ça fait 15 ans que j’ai quitté le Collège, 11 ans que j’ai quitté le nid familial. Ça fait 10 ans que je suis staffer politique, 9 ans que j’ai rencontré Chéri. Ça fait 2 ans que mon petit renard et vous êtes entrés dans ma vie. Je viens d’avoir 32 ans.

Mon dernier billet remonte à 2013, au 14 décembre, précisément. Celui-ci traîne dans la boîte à brouillons depuis le 18 janvier 2014, précisément. C’est lamentable.

Dire que le temps passe vite est un euphémisme. Dire qu’on ne prend pas le temps est plus juste. J’en ai marre de ne pas avoir le temps de prendre le temps.

Dans la version originale de ce billet, j’apportais mon sujet en vous offrant des voeux de bonne année, même le 18 janvier. Le contexte est passé, mais l’objet initial de ce texte et son intention fondamentale demeurent : vous offrir mes meilleurs voeux, peu importe le moment de l’année.

C’est que, voyez-vous, je n’aime pas les résolutions de nouvelle année. Je n’aime pas qu’il faille utiliser le prétexte d’un moment donné pour faire un retour sur la précédente et réfléchir à la suivante. Je n’aime pas l’idée de limiter la portée ni la fréquence de cet exercice fondamental. Je crois que la vie s’écrit au quotidien au rythme de la rationalité limitée et du destin, avec une bonne dose d’instinct. J’allais surtout vous souhaiter la santé, puisque c’est tout ce qui compte vraiment, puisque sans la santé on peut difficilement profiter de la vie – et encore moins oser. La vie est un éternel recommencement, une boucle infinie d’apprentissages et d’essais-erreurs, une suite sans fin d’opportunités à saisir et de défis à relever. Surtout que les fameuses résolutions de la nouvelle année sont la plupart du temps oubliées dès les vapeurs d’alcool dissipées. Je refuse de soumettre mon itération personnelle à cette contrainte réductrice. Je préfère de loin tirer des leçons de toutes les tranches de vie du quotidien. Voilà, c’est dit. Alors, voici.

Si je n’avais qu’un seul voeu à formuler, pour chaque jour que la vie amène, c’est celui-là : oser. Mon vœu le plus cher, pour moi-même et tout un chacun, individuellement et collectivement : oser. Apprendre à le faire ou continuer à le faire. Aider autrui dans cette tâche. Chaque jour. Chaque fois qu’un obstacle se dresse sur notre chemin. Chaque fois que tout semble trop bien aller. Chaque fois qu’on se dit qu’il était temps que le vent tourne, qu’on mène une bonne vie ou encore qu’il n’y a rien sans rien, que what goes around comes around. Tout le temps. Apprécier, vivre et oser.

Il faut blâmer une de mes amies qui a posé cette question sur Facebook au retour des vacances des fêtes. Plusieurs rigolaient dans leurs réponses, mais ça m'a fait réfléchir.

Il faut blâmer une de mes amies qui a posé cette question sur Facebook au retour des vacances des fêtes. Plusieurs rigolaient dans leurs réponses, mais ça m’a fait réfléchir.
Elle a eu raison de poser la question – et elle a eu raison d’oser.
On peut désormais lire avec délectation son blogue et découvrir La Face cachée de la brune !

Je me suis réveillée un matin avec rien à faire, comme ça, pouf. Au lendemain d’une cuisante défaite électorale, oser, c’est tout ce que j’ai à faire. Je pourrais dire que je me retrouve devant rien : j’ai perdu mon emploi. Je me retrouve au contraire face à l’avenir : et l’avenir, c’est long. C’est un livre blanc dont les pages ne demandent qu’à être noircies, gribouillées, remplies de rêves et de projets. C’est une toile qui ne demande qu’à être peinte. Une piste de ski qui ne demande qu’à être dévalée. Une couverture à tricoter! (Oui, je me suis inscrite à des cours de tricot.) Je pourrais dire que je suis tombée et que je dois me relever. Je préfère regarder derrière moi avec la fierté du devoir accompli et de la mission réalisée, prendre un grand respir, et foncer la tête bien haute vers une nouvelle montage à déplacer.

Je pourrais m’abattre. Mais ça, je n’ose pas.