Je n’ai pas beaucoup de temps aujourd’hui, mais j’estimais primordial de prendre quelques minutes pour vous dire pourquoi je participerai à la manifestation nationale contre le dégel des frais de scolarité, demain, le 22 mars, à Montréal. Je n’entrerai pas dans l’argumentaire (j’aurai aimé mais le temps presse, bébé oblige); je suis d’ailleurs davantage praticienne que théoricienne. Je m’en tiendrai donc à ce qu’il y a au plus profond de moi: mon espoir d’un Québec meilleur. Parce qu’à travers une éducation accessible, c’est pour cela que nos parents se sont battus et ont créé le système d’instruction gratuit et les universités publiques. Pourquoi certains retournent aujourd’hui leur chemise de bord?
Je n’en sais rien. Mais je sais que la hausse des frais de scolarité, _surtout_ celle proposée par le gouvernement Charest, représente un retour en arrière. Un retour à l’époque où l’éducation supérieure était réservée à l’élite, où la mobilité sociale limitée confinait le peuple québécois aux banquettes arrières de la société et aux petits emplois sans avancement ni débouchés. Depuis 1968, les choix que le Québec a fait en instaurant en valeur l’accessibilité aux études et en maintenant cette dernière se sont inscrits dans la volonté du peuple de valoriser la collectivité par l’élévation globale, plutôt qu’en isolant les individualités dans leur quêtes personnelles.
Aujourd’hui, bien plus que le coût de l’éducation ou l’arrogance libérale de prétendre faire payer aux étudiants «leur juste part», c’est ce débat qui est relancé sur la place publique. Malade, l’université? Comme notre société, engouffrée dans la spirale de la satisfaction immédiate et de l’individualisme éperdu? Au passage, on tente de confirmer la prétendue aphasie de ma génération, ces enfants gâtés comme le disait Rima Elkouri, pffffff. Me semble.
Avant de demander aux étudiants d’envoyer un chèque en blanc au gouvernement, qui en retourne un tout aussi aveuglément aux universités, ne pourrait-on pas demander à ces dernières de faire leurs devoirs pour que nous ayons confiance en leur gestion habile et équitable de notre argent? Et que dire de la confiance de la population envers les gouvernements, ce celui-là en particulier… Re-pfffffff.
Comme d’autres, je suis un produit de cette accessibilité; j’en suis aussi reconnaissance que fière. J’ai complété des études supérieures en m’endettant. À presque 30 ans, un bon emploi et une situation financière stable, je commence à peine à me sortir la tête de l’eau économique. J’ai commencé les REER sur le tard parce que, jusqu’à tout récemment, chaque dollar de salaire gagné à la sueur de mon front, depuis que j’ai 16 ans, a payé mes études ou mes dettes d’études. Et quel front! J’ai parfois eu deux emplois «à temps partiel» pendant des études à temps plein doublées d’implication parascolaire, pour payer mes études.
Maintenant que je suis maman, le plus beau cadeau que je souhaite faire à mes enfants est de leur offrir la possibilité d’étudier sans s’endetter. Comment faire? Épargner chaque sou, dans l’espoir de n’en n’avoir pas besoin pour de plus urgents besoins… Re-re-pfffffff.
Ainsi, je pense que «rejoindre la moyenne canadienne», c’est pour les faibles et les lâches. Ne devrions-nous pas plutôt chercher à atteindre notre plein potentiel commun à travers lequel, et grâce à l’atteinte duquel, chacun est gagnant?
Je ne ferai pas ici d’argumentaire, surtout parce que je n’aime pas les batailles de chiffres. «L’endettement est un fardeau pour une société» mais «l’éducation est un investissement pour un individu malgré l’endettement»? Il y a juste moi qui trouve que quelque chose cloche avec cette affirmation répétée ad nauseam par le gouvernement et les prétendants au désengagement de l’État?
Je pense fondamentalement que chacun a la responsabilité, le devoir et l’obligation d’épauler son voisin et son prochain dans l’adversité pour que tous ensemble, comme collectivité, comme société, comme peuple, nous puissions nous démarquer.
Parce que sans éducation, pas d’économie du savoir, pas d’économie de pointe, pas d’économie intelligente. Sans éducation, pas de sacro-saint développement économique, ni croissance du PIB, ni marchés internationaux. Sans éducation, point de salut.
Comme d’autres, je suis prête à payer plus d’impôts pour que le Québec se porte mieux. J’en suis et en serai toujours fière même. Le carré rouge qui représente cette lutte a eu, et aura encore, de multiples vies: je lui prêterai la mienne demain, comme des milliers d’autres, pour faire entendre ma voix.
C’est bref, c’est expéditif, mais ça vient du cœur. Demain, c’est un cri du coeur que lanceront les enfants du Québec moderne. Les entendra-t-on? Le Québec moderne évolue toujours et ma génération devra vivre avec les décisions prises aujourd’hui. Ceux qui prennent ces décisions ne devraient-ils pas au moins écouter ce que nous avons à dire? Soumise aux aléas démographiques qui font de ma génération un groupe minoritaire et instrumentalisé, il ne me reste plus qu’à m’époumoner. M’entendra-t-on?
J’ai espoir que oui, j’ai espoir que si chacun crie, le Québec vibrera, le Québec grandira. Voilà pourquoi je manifesterai, pourquoi je me manifesterai.
BRAVO
Et je serais à tes côtés!
Bravo! Moi même je viens de terminer cette semaine de payer mes (grosses) dettes étudiantes…à presque 46 ans! J’aurais sans-doute pu payer plus vite les dernières années, bon salaire, bons revenus, mais j’ai fait d’autres choix.
Mais justement, comme j,ai de bons revenus et que je paye beaucoup d’impôts, je veux que celles-ci servent à permettre à d’autres d’étudier et j,en paierai plus s’il le faut.
Bonne manifestation
Merci Véronique de nous donner cette tribune afin que nous puissions tous faire part de notre point de vue sur cet épineuse question de la hausse des frais. Je tenterai d’en profiter. Pour mettre les choses en perspectives:
1- Je ne suis plus étudiant.
2- Je n’ai aucune affiliation politique (i.e. membre d’aucun parti)
3- Je suis habituellement de centre droit en ce qui à affaire aux questions des dépenses publiques.
4- J’estime que l’université Québecoise souffre de plusieurs maux chroniques:(critères de sélection des étudiants trop laxes, financement basé sur le nombre d’étudiants admis et non sur la qualité et la difficulté des programmes, bureaucratie de gestion du système lourde et inefficace,…).Il n’en demeure pas moins qu’elle est un organe vital du développement culturel et économique de notre province et de notre peuple.
5- J’appuie le mouvement gréviste étudiant…(contre toutes attentes…)
Voici pourquoi:
‘La juste part’ dont parle le gouvernement actuel n’est selon moi, pas la juste part des dépenses liées à l’éducation universitaire. Que le gouvernement fournisse une description détaillée de l’utilisation de la somme récoltée par la hausse des frais. S’il peut montrer que TOUTE cette somme sera réinvestie dans l’AMÉLIORATION du système d’éducation post secondaire, je l’appuierai, mais pas avant. Je ne me plaindrai jamais de recevoir une éducation de plus grande qualité même si elle me coûte un peu plus cher qu’actuellement.
Toutefois, je crois que l’argent puisée à même les poches des étudiants servira à réparer des routes et renflouer les coffres des caisses de retraite sans toutefois améliorer la qualité et la quantité des services fournis par les universités. Cette hausse est donc une taxe cachée qui ampute les futurs contribuables en les forcant à s’endetter. Elle est donc un frein au futur développement économique du Québec.
Que le gouvernement montre l’équivalent d’une facture aux étudiants: quand on paie plus cher, on est en droit d’exiger une description détaillée de ce pourquoi on paie.
Aux étudiants, ne lâchez pas, n’acceptez pas d’être la génération sacrifiée par des décénies de mauvaise gestion des finances publiques, exigez le respect auquel vous avez droit. Je suis le premier à affirmer que l’on doit, comme nation, se serrer la ceinture. Toutefois, c’est l’ensemble de la population qui devra le faire…pas seulement les étudiants….
Francis Guay
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