Mon conseil aux futurs parents: le nécessaire littéraire

Devenir parent, c’est tout un contrat. La prémisse est qu’on ne sait pas dans quelle folle aventure on s’embarque, seulement qu’elle ne finira jamais! Les conseils de nos propres parents et grands-parents peuvent paraître contradictoires, anachroniques ou redondants, ceux de nos amis peuvent générer de la dissonance cognitive, les lectures peuvent nous sembler inutiles en raison de leur contenu que l’on juge évident. Quelle erreur de débutant ignorant tout de sa condition à venir – et voilà bien le propre du futur parent…

Aux parents dispensateurs de conseils, souvenez-vous ce que c’était que de les recevoir, dans votre vie antérieure, à quel point ça pouvait être exaspérant. Fouillez votre mémoire et trouver LE conseil qui vous a aidé dans un moment pénible de doute parental, et partagez-le. Souvenez-vous que tout est relatif: chaque modèle est unique et le seul standard est physique.

Chacun vit singulièrement la grossesse et la naissance, la maternité et la paternité. Il est vrai que l’émotion est grandiose et qu’on ne peut réellement s’y préparer. Prétendre l’inverse serait prétentieux, fallacieux, mensonger. On peut toutefois s’informer afin de mieux comprendre ce qui se passe quand ça se passe, avec bébé dedans puis dehors du bedon, avec le corps de maman, avec nos émotions et celles de notre partenaire.

À moins que vous ne me le demandiez, je ne vous donnerai pas mon avis sur comment faire ceci ou cela, rien de normatif ici. Mon conseil est le suivant, et j’insiste: futurs parents, prenez tous les conseils qu’on vous offre et rangez-les soigneusement dans la boîte à suggestions. Le moment venu, au jour le jour, vous verrez bien ce qui vous convient, et à votre poupon. Vous serez heureux et reconnaissants d’avoir accumulé le plus de connaissances et de renseignements possibles pour vous aider à comprendre la signification des pleurs en fonction de leur intensité, volume et durée; à mieux apprécier chaque matin la prise de poids de bébé et la qualité de ses selles (sans blagues); à remarquer et graver dans votre mémoire sa petite face qui change chaque jour; à remarquer les traits de caractère et la personnalité qui se développent et qui façonneront l’identité du petit humain que vous avez fabriqué. C’est merveilleux, touchant, sublime mais ô combien exigeant, délicat et ardu. N’oubliez pas de prendre la vie un jour à la fois, un boire à la fois, une nuit à la fois.

Si j’ai quelque recommandation à formuler, c’est une liste de lectures à faire et à éviter. Lire la suite

Liste de lecture

Bon, tel que promis, voici une première liste: ma liste de lecture. Je pourrais aussi écrire « liste de lectures », au pluriel, mais bon. Je n’ai pas trop décidé comment j’allais procéder pour la mettre à jour; j’ai pensé à une page plutôt qu’à un billet. On verra bien. Pour l’instant, voici, donc. Vos suggestions sont les bienvenues! Et vous, qu’y a-t-il sur votre table de chevet?

Lecture en cours : Comment devenir un monstre (2004), Jean Barbe

Prochaine lecture : Comment devenir un ange (2005), Jean Barbe


Sur ma table de chevet
(ordre aléatoire)

  • Seulement attendre et regarder (2012), Elena Botchorichvili
  • Le phyto-analyste (2012), Bertrand Busson
  • Les déferlantes (2008), Claudie Gallay
  • Arvida (2011), Samuel Archibald
  • Fin de cycle (2012), Mathieu Bock-Côté. En attendant, Mélanie Robert en parle.
  • Les 50 discours qui ont marqué le Québec (2011), Charles-Philippe Courtois et D. Parenteau
  • Les Réformistes (2012), Éric Bédard
  • C’était au temps des mammouths laineux (2011), Serge Bouchard, via Vicky Lapointe.


Dans ma bibliothèque

Club de lecture (1): «Ravage», de René Barjavel – ou l’homme déshumanisé

Voici ce que je vous propose: un club de lecture. Pas de règles, vraiment. Je vous partage mes lectures, celles qui s’empilent sur ma table de chevet ou celles que je viens de terminer, et on en discute. Ça vous dit?

L’auteur et son œuvre

René Barjavel (1911-1985) est un des grands précurseurs de ce que j’appelle très personnellement la socio-fiction: la société poussée à bout de nerfs. Pour reprendre une expression plus consacrée, disons que son oeuvre est en une « d’anticipation où science-fiction et fantastique expriment l’angoisse ressentie devant une technologie que l’homme ne maîtrise plus. Certains thèmes y reviennent fréquemment : la chute de la civilisation causée par les excès de la science et la folie de la guerre, le caractère éternel et indestructible de l’amour » (source).

C’est plutôt La nuit des temps (1968) qui m’a fait découvrir l’auteur; un roman que je relis périodiquement et dont je ne saurais me lasser. J’y retourne sans cesse pour y retrouver le lien entre les deux thèmes fétiches de l’auteur, mis de l’avant dans ce roman avec une douce violence.

Je suis d’accord avec ceux qui affirment que Ravage (1943) est l’ouvrage « le plus représentatif de l’auteur ». En effet, « Sur le thème « L’homme, s’il oublie qu’il est un homme… », Barjavel construit sa première fin du monde. La société y est mécanisée à outrance, l’individu assisté en chacun de ses gestes, l’être vivant coupé de sa mère nature. C’est alors que l’électricité disparaît… » (source) Lire la suite