Du haut de ses deux ans et demi, mon BébéTigre (savait) déjà ce qu’il (voulait) dans plusieurs départements. La routine du coucher n’y fait pas exception. Quand « c’est maman qui couche », la séquence qu’il avait établie un peu plus d’un an auparavant demeurait alors inchangée : bain, crème et chatouilles, Salinex et mouche-bébé au besoin, PJ et chatouilles, brosser les dents, câlins et bisous à son grand frère et papa, retour dans la chambre pour choisir l’histoire, agripper Doudou et la bouteille d’eau, s’asseoir sur maman dans la berceuse pour la lecture, aller grimper dans son lit avec Doudou et la bouteille d’eau pour la berceuse après que j’aie éteint la lumière. Vous voyez le lien?
Ben oui, toi, une berceuse peut être une chaise à bascule ou une chanson. Les deux aident à apprivoiser le nouveau-né, le calmer et l’endormir; quant à moi, j’ai passé un temps fou assise là, à chantonner ceci et cela à mes enfants lovés dans mes bras, me refusant à déposer les petits paquets d’amour au lit après une séance d’allaitement nocturne ou entre deux poussées de fièvre.
Me semble que c’t’ivident. Sauf que ça n’avait jamais percuté avant, quand je lui ai demandé s’il voulait chanter la chanson dans la chaise, comme quand il était bébé. « Non, maman, dans le lit ». Comme si tanguer deux fois, même doucement, lui donnait le mal de mer tandis que le roulis vocal de la chanson lui fait ressentir ce doux-va-et-vient qui le fasse glisser du monde réel vers celui des songes.
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C’est enceinte que j’ai choisi cette chanson pour le BébéTigre qui était dans mon ventre. J’ai entendu la version des Sœurs Boulay à la radio et je me suis mise à pleurer. Je conduisais, j’ai dû m’arrêter pour me désembuer les yeux. Le contraste frappant entre la version des Sœurs Boulay et son propos m’a sidérée. Plus encore, la sobriété musicale m’a permis de redécouvrir toute la beauté des paroles de cet hymne à la liberté.
Comme toutte est dans toutte, tsé, pis toutte, ben les tigres sont des chats sauvages, hein. Pis apprivoiser mon BébéTigre n’a pas été une mince affaire; je ne parvenais pas à comprendre ses cris, ses pleurs, ses soubresauts et ses heures, les premiers mois. C’était prémonitoire, faut croire. Ça lui va tellement bien.
Chats sauvages
Paroles et musique de Marjo et Jean Millaire
Interprété par Marjo (1986), reprise par Les Sœurs Boulay (2013)
On n’apprivoise pas les chats sauvages
Pas plus qu’on met en cage les oiseaux de la terre
Faut les laisser aller comme on les laisse venir au monde
Faut surtout les aimer jamais chercher à les garder
Tout doucement je veux voyager
En te jasant d’amour et de liberté
On n’emprisonne pas les cœurs volages
Pas plus qu’on coupe les ailes aux oiseaux de la terre
Faut les laisser aller toujours sans chercher à comprendre
Ils marchent seuls et n’ont qu’un seul langage
Celui de l’amour, celui de la vie
Ils chantent pour toi si t’en as envie
J’me sens un peu comme le chat sauvage
Et j’ai les ailes du cœur volage
J’veux pas qu’on m’apprivoise
J’veux pas non plus qu’on m’mette en cage
J’veux être aimée pour ce que j’ai à te donner
Tout doucement je veux voyager
En te jasant d’amour et de liberté
Cette chanson elle est pour nous
Elle jase d’amour et de liberté
Cette chanson elle est pour nous
Elle jase d’amour et de liberté
Moi, c’est avec ça que j’ai grandi, mais les kids aujourd’hui ne savent probablement ni ce que c’est ni ce que Marjo représente dans le paysage culturel et musical québécois.
La reprise touchante, à l’origine d’une grande tendresse entre mon BébéTigre et moi.
Je ne peux que remercier tous ces artistes, et la magie de la radio de m’avoir fait tombée en amour à nouveau avec cette œuvre alors que je tombais en amour avec mon fils à naître. Être vintage, c’est aussi ça 😛
(On remarque au passage la qualité d’image! Fou comme différence…)