Du haut de ses deux ans et demi, mon BébéTigre (savait) déjà ce qu’il (voulait) dans plusieurs départements. La routine du coucher n’y fait pas exception. Quand « c’est maman qui couche », la séquence qu’il avait établie un peu plus d’un an auparavant demeurait alors inchangée : bain, crème et chatouilles, Salinex et mouche-bébé au besoin, PJ et chatouilles, brosser les dents, câlins et bisous à son grand frère et papa, retour dans la chambre pour choisir l’histoire, agripper Doudou et la bouteille d’eau, s’asseoir sur maman dans la berceuse pour la lecture, aller grimper dans son lit avec Doudou et la bouteille d’eau pour la berceuse après que j’aie éteint la lumière. Vous voyez le lien?
Ben oui, toi, une berceuse peut être une chaise à bascule ou une chanson. Les deux aident à apprivoiser le nouveau-né, le calmer et l’endormir; quant à moi, j’ai passé un temps fou assise là, à chantonner ceci et cela à mes enfants lovés dans mes bras, me refusant à déposer les petits paquets d’amour au lit après une séance d’allaitement nocturne ou entre deux poussées de fièvre. Lire la suite →
Les souvenirs Facebook m’ont gentiment rappelé un des plus beaux jours de ma vie cette semaine : ma rencontre avec Serge Fiori, à l’occasion d’une séance de dédicaces de sa biographie « Serge Fiori : S’enlever du chemin » par Louise Thériault. Je me suis évidemment fait plaisir en rejouant tous les albums, profitant particulièrement du son magnétique et de la jouissance auditive hypnotisante de l’écoute des disques vinyle. J’ai aussi rejoué la rencontre dans mon esprit : comment oublier que, ô combien intimidée par le géant, mon cœur battant la chamade m’a fait débouler sur mes mots; comment, ô combien gênée face à un pilier de mon identité et de celle de mon peuple, je me suis mal exprimée alors que j’avais tant répété ce que je voulais partager…
Harmonium a bercé mon enfance et façonné mon adolescence, construisant l’adulte que je suis devenue. Le message, sa portée, sa spiritualité, sa profondeur; la musique, en paliers, en itérations, en vagues riches à la fois douces et puissantes; la langue, la magie des mots qui se déploient en images et dansent en jeux de langage; l’expérience transcendante grâce à laquelle l’esprit s’élève au-delà de la cinquième saison et du septième ciel, le mantra libérateur qui vibre au son du om universel; l’histoire, les histoires, le tournant historique et son contexte politique : tout est parfait dans cette œuvre. Tout. Parfait, absolu, achevé, complet. Et puis cette voix; si le cristal pouvait chanter, c’est la robe de bal qu’il revêtirait, blanche comme l’éternité. Pour vivre un grand moment de paix intérieure, à la fois bouleversant et apaisant, enfilez un casque d’écoute, asseyez-vous confortablement, montez le volume puis fermez les yeux pour vous laisser transporter par la voix de Fiori sur Lumière de vie ou Comme un sage, pure et vraie.
Au premier jet, j’avais écrit « et fermez les yeux pour vous laisser bercer par la voix de Fiori », comme elle a bercé mon enfance, comme la chanson berce mon fils par l’entremise de ma voix chaque soir. En fait, les deux verbes s’appliquent; les deux émotions si proches se chevauchent, se complètent, se fondent l’une dans l’autre pour n’en former plus qu’une : le bien-être. Celui qu’on ressent et celui qu’on souhaite offrir, cherchant toujours à le préserver et à le faire grandir. De la même manière, la musique et les paroles d’Harmonium touchent au plus profond de nous, individus et collectivité, une corde sensible et intégrale : notre humanité.
C’est spontanément que je me suis mise à chanter Pour un instant à mon PetitRenard à l’aube de sa première année, par une nuit noire de pleurs inconsolables. La chanson est montée de mes tripes, a émergé d’elle-même du plus profond de moi-même, comme s’il était écrit que cet instant se produirait, comme si toute ma vie m’y avait conduit. En l’espace de quelques secondes, l’enfant s’est apaisé. J’offrais à ma progéniture un instant de paix qui m’envahissait aussi. Surprise et émue, fière mais humble, la mère a pleuré sans retenue, serrant contre elle le fruit de ses entrailles, pour un instant.
Il n’a cessé de réclamer Pour un instant depuis, se délectant chaque fois d’un secret partagé avec sa mère le temps d’une chanson, pour déposer son corps et son esprit dans son lit en préparation de la léthargie. Et puis le soir où, lové contre moi dans la chaise berçante, sans avertissement, le PetitRenard a entonné la berceuse avec moi; le jour où il m’a hurlé de monter le son en reconnaissant à la radio les premières notes de cri de liberté; la fois où j’ai dû rebrousser chemin pour aller chercher le CD à la maison avant un road trip pour faire cesser les cris de protestation.
Comme l’ensemble de l’œuvre d’Harmonium (et plus généralement de Fiori) qui voyage sur une longueur d’onde singulière et inimitable, Pour un instant est une méditation, un message politique, une philosophie de vie; une ode à l’acceptation de soi. L’aviez-vous déjà perçue comme ça? J’aime l’idée que les enfants en saisiront tous les sens à différentes étapes de leurs vies. Alors voici, une berceuse pour le cœur, une berceuse pour l’esprit, un objectif de vie.
Pour un instant
paroles de Serge Fiori, Michel Normandeau
musique de Michel Normandeau
Pour un instant, j’ai oublié mon nom
Ça m’a permis enfin d’écrire cette chanson
Pour un instant, j’ai retourné mon miroir
Ça m’a permis enfin de mieux me voir
Sans m’arrêter, j’ai foncé dans le noir
Pris comme un loup qui n’a plus d’espoir
J’ai perdu mon temps à gagner du temps
J’ai besoin de me trouver une histoire à me conter
Pour un instant, j’ai respiré très fort
Ça m’a permis de visiter mon corps
Des inconnus vivent en roi chez moi
Moi qui avais accepté leurs lois
J’ai perdu mon temps à gagner du temps
J’ai besoin de me trouver une histoire à me conter
Pour un instant, j’ai oublié mon nom
Ça m’a permis enfin d’écrire cette chanson
Pour les curieux, voyez ce sourire de fan finie complètement comblée!
Ça grandit si vite. Bientôt quatre ans! Une chose ne change pas : la chanson du soir est un rituel fondamental auquel PetitRenard tient plus que tout. Moi qui ne suis pas une experte en berceuses, je possède toutefois une culture musicale assez vaste que j’ai choisi d’explorer avec fiston à cette heure magique où, malgré la fatigue, il fait preuve d’une grande réceptivité. Si des chansons préférées sont réclamées chaque soir, d’autres reviennent souvent. On ne peut toutefois pas esquiver la demande incessante de nouveauté. Lire la suite →
Au travail, je partage un bureau avec des collègues. Pour me faire plaisir, il choisit la musique de Noël sur Songza. J’adore Noël. Oh oui. Fébrilité hivernale dans mon cœur et anticipation grandiose du temps des fêtes. Cher collègue, merci pour ce moment tendre.
Ça m’a rappelé la conclusion d’un échange sur Twitter, il y a quelques semaines, où je me fais accuser de croire au Père Noël. Entre les lignes, je me fais accuser de rêver en couleurs.
Justement. Non seulement j’ai le droit de croire au Père Noël, mais j’y crois *encore* au Père Noël et je n’ai *jamais cessé* d’y croire. Et je vais vous dire pourquoi: parce qu’au-delà du mythique personnage, le Père Noël, le vrai de vrai, est la personnification de valeurs auxquels j’adhère et que je souhaite transmettre à mes enfants. Bon, dans mon univers de socialisation, on parle du Père Noël, mais ça pourrait très bien être un autre personnage. L’important n’est pas le personnage, comme ce n’était pas l’échange sur Twitter, mais le message et son objectif, comme le démontre la conclusion dudit échange.
Faire le bien, parce que rien ne se crée et rien ne se perd, ou parce que what goes around comes around. C’est assez clair dans les chansons de Noël, ça! He knows if you’ve been bad or good / So be good for goodness sake!
Donner généreusement et penser à ce qui fera plaisir aux autres. Noël, c’est recevoir des cadeaux, mais c’est surtout les offrir! Les enfants mettent un moment à comprendre cela, bien entendu, mais l’apprentissage de la générosité se fait par mimétisme, comme pour tout le reste…
Prendre le temps. Ceux qui n’aiment pas Noël vivent le temps des fêtes comme une corvée: il faut aller voir la famille, faire des cadeaux, se garrocher dans les magasins, payer une fortune pour le plus récent gadget, etc. Non! Pour moi, le temps des fêtes est un moment pour prendre le temps d’être avec ceux qu’on aime – et prendre le temps de leur dire.
Dimanche, j’ai vu un enfant de 9 mois se mettre à rire aux éclats au son de la voix de sa mère. Ça m’a ému. La connexion entre les deux êtres, à ce moment précis, par le chant, m’a bouleversée. Du coup, j’ai réalisé que je ne chante pas beaucoup à mon fils. La seule chanson d’enfant que je chante à mon petit renard est Au clair de la lune. La seule. Je fredonne pourtant des centaines de chansons! Vous connaissez Le plus beau voyage, je l’apprendrai sans tarder. J’ai décidé de m’y mettre.
C’était pendant le retour à la maison ce soir, dans le métro. J’écoutais justement Claude Gauthier transmettre la vie. Je l’ai écouté en boucle, quatre ou cinq fois. Puis, J’ai la tête en gigue. Puis voilà. Une berceuse. Lire la suite →