Un matin comme les autres

On dit souvent qu’avoir des enfants, c’est du sport, mais on le dit rarement littéralement. Sauf que… c’est du sport en sivouplaît! L’entraînement quotidien est complet: physique, psychologique, émotionnel et affectif. Par exemple, la run du matin, un petit matin comme les autres, dure trois heures. 1, 2, 3, go!

6h15. Sonne le cadran de maman. Deux snoozes, c’est le minimum requis. Respirer profondément pendant quelques minutes. Penser à la journée qui débute avec mes petits et à la fraîcheur de l’hiver qui m’attends dehors. Sourire, par plaisir et pour se donner de la force aussi. Je me tire finalement du lit, me douche, m’habille.

6h40. BébéTigre se réveille par lui-même et « veux les bras ». Ça ralentit le rythme et fait faire des pectoraux en même temps que les squats.

6h45. Sonne le cadran de PetitRenard. Commence la ronde de négociation matinale sur « veux pas m’habiller, c’est pas juste mon frère est encore en pyjama, veux manger, veux pas manger, veux pas m’habiller, veux jouer ». Regarder PetitRenard s’habiller pendant que BébéTigre me grimpe dessus et encourage son grand frère.

7h05. Habiller BébéTigre avant le déjeuner pour que l’ordre de l’univers soit rétabli sans crise existentielle semant le chaos entre les dimensions, mais me battre de toutes mes forces avec ledit bébé qui ne veut pas collaborer.

7h10. Arriver dans la cuisine et constater que PetitRenard a vidé tout le contenu de l’armoire à déjeuner sur le comptoir « pour que chacun puisse choisir ce qu’il veut », ce que chacun peut faire d’ailleurs sans exposition de toutes les options surtout quand il finit par choisir les tartines que je lui ai proposées pendant qu’il s’habillait pour faire « comme son frère ».

7h15. Confirmer les décision de chacun, préparer les tartines et tout ranger.

7h17. Déposer les tartines sur la table avec les vitamines avec les verres de lait (ben oui, on boit encore du lait, pis ben oui, une maman peut faire tout ça en 2 minutes, pas le choix, sinon les petits parent un autre projet). Pendant ce temps, faire mon café, prendre mes vitamines et préparer le lunch du PetitRenard pour l’école. La routine est un outil précieux et puissant.

7h25. Le déjeuner est fini. « Vitesse maximale! »

7h27. PetitRenard a fini de se brosser les dents. J’ai des gros doutes sur l’efficacité du brossage en « deux minutes » et même sur son existence même ce matin, mais en femme équilibrée, je choisi mes batailles. Travailler l’endurance, le rythme et la chorégraphie sont est un exercice aussi physique que mental.

7h:30. S’asseoir pour prendre deux gorgées de café et profiter d’une mousse de cappuccino particulièrement bien réussie ce matin. Avoir le coeur gonflé d’amour en entendant les garçons rigoler dans le salon. Respirer profondément et remercier la vie. Respirer à nouveau et me lever pour affronter le reste du matin! Go la mère! Pause entre les deux séries.

7h35. Chanter en amenant subtilement le BébéTigre à la salle de bain pour le brossage de dents (aussi peu efficace ce matin, je l’avoue) pendant que je répète à distance au grand d’enfiler ses pantalons de neige.

7h42. Paniquer en voyant l’heure sur le four en passant de la salle de bain à l’entrée: il faut partir pour 7h47 afin d’arriver à l’heure à l’école. Insister pour que le grand accélère pendant qu’il danse partout dans le salon en allant chercher ses mitaines et sa tuque sur le calorifère et que je mets de peine et de misère les pantalons de neige et les mitaines au BébéTigre qui veut juste remettre le « tormtroupeux » (comprendre Stormtrooper) dans son pickup de Lego et le réparer (comprendre remettre le toit qu’on doit enlever pour y installer le bonhomme): cris stridents et aigus de frustration d’un deux-ans-et-demi. Grand frère avec ses mitaines rentrés dans son manteau arrive à la rescousse; cris stridents et aigus d’un presque-sept-an qui n’a aucune dextérité avec des mitaines de skis et un manteau détaché qui s’accroche par-dessus le marché. Contre toute attente et dans l’hystérie générale, constater que le grand frère a réussi sa mission. Vous avez deviné: cris stridents et aigus à l’unisson (mais pas en harmonie, oh non…).

7h44. PetitRenard est prêt et sort. Ouf. Il y a de l’espoir pour partir à temps. Je sue déjà, je ne suis même pas froquée encore. Finir de préparer le BébéTigre, enfiler mes pantalons de neige pis toutte. Installer le porte-bébé et y installer le BébéTigre, ce n’est pas une mince affaire avec les manteaux d’hiver. Je n’y arrive pas et je commence à perdre patience.

7h47: J’appelle PetitRenard pour qu’il m’aide à attraper les bretelles du porte-bébé et placer son frère, in extremis, pour ne pas être en retard. Il rentre en criant parce qu’il y a PLEIN DE NEIGE DANS SA BOTTE! Effectivement. Je comprends qu’il a mis ses mitaines et son manteau avant ses bottes, et donc qu’il n’a pas placé l’élastique de son pantalon de neige par-dessus sa botte, même si je lui ai répété de le faire pendant que j’habillais son frère et qu’il dansait dans le salon. Bon, c’est un peu de ma faute et un peu de la sienne. Lever le ton un peu plus que nécessaire en allant chercher une paire de chaussettes de rechange dans la chambre. Lui expliquer qu’il pourra changer ses chaussettes en arrivant à l’école et mettre sa botte à sécher sous le calorifère de la classe. Tout en refusant de remettre sa botte humide, il proteste en me disant qu’il n’y a pas de calorifère dans l’école.

Je suis en lavette et nous n’avons pas encore commencé à marcher.

7h55. Honnêtement, c’est un record de vitesse, de collaboration, de respect des consignes et de bonne humeur, malgré les quelques accros et le retard évident. On part pour la promenade. PetitRenard boite, pleurniche et rouspète. Je sympathise et j’empathise, une botte mouillée à -25 degrés c’est chiant, mais je lui presse néanmoins gentiment le pas.

8h07. La secrétaire de l’école signe le billet de retard motivé Après m’avoir fait un câlin que je lui retourne au centuple, il me demande de me baisser pour faire un câlin à son petit frère; j’obtempère. « J’t’aime, moms, bonne journée », qu’il me lance nonchalamment en se dirigeant vers sa classe. Coeur gros de maman qui trouve qu’ils grandissent vite, gros coeur de maman fière.

BébéTigre joyeusement campé dans mon dos, je me dirige vers la garderie. La marche est parsemée de rires; il nomme les couleurs des voitures et des maisons, il blague en me disant que la neige est rouge et je lui réponds que nos joues seront rouges en arrivant à la garderie, il s’exclame de bonheur en apercevant l’autobus et me bombarde de « c’est quoiiiiiii? » plus craquants les uns que les autres à l’ouïe du moindre bruit.

8h25. Arriver à la garderie. Descendre le BébéTigre du sac à dos et me faire dire « Tes joues sont rouges, maman! Moi aussi? » Éclats de rire. Le changer, mettre ses souliers. L’éducatrice passe et il crie son nom. Il part la rejoindre en courant sans même se retourner. « Bye, maman! ». Ok bye. Bonne journée mon bébé d’amour. Gulp.

8h30. Partir de la garderie. Réaliser qu’il fait pas mal plus froid sans le BébéTigre sur mon dos et marcher vite. Penser à ce que je vais manger pour déjeuner, parce que je n’ai pas encore manger. Penser au souper, au ménage, à Chéri qui avait une grosse rencontre à 8h ce matin, penser à la journée pédagogique de demain, me dire que j’aurais dû amener ma carte débit pour aller manger des oeufs bénédictines au resto à déjeuner du coin, penser à l’état de la cuisine et à la vaisselle à faire, avoir envie de pipi, marcher plus vite encore.

8h40. Arriver à la maison. Sourire en voyant le « pickup » en Lego grayé d’un « tormtroupeux » du BébéTigre qu’il a sciemment placé sur la mini chaise d’entrée pour le retrouver à son retour. Me déshabiller et aller directement à la cuisine. Prendre une grande respiration en voyant l’état des lieux: les miettes, les verres vides, le carton de jus vide, les ustensiles et les assiettes. Contempler le besoin de vider le lave-vaisselle avant de le remplir; comprendre que la tâche préalable est de ranger la vaisselle du sèche-vaisselle avant pour y installer les plats de plastique propres qui sortiront de la machine. (Parce qu’il y a une chose que je n’essuie pas, et c’est du plastique. Sérieusement, ça prend une éternité et on dirait qu’il reste toujours de l’humidité dessus pareil!). Faire tout ça: ranger la vaisselle sèche qui est sur le rack, vider le lave-vaisselle et y mettre la vaisselle sale du matin; regarder le reste de la vaisselle à laver à la main de la veille et la laisser sur le comptoir.

9h00. Câline, j’ai donc ben faim! Ah oui, j’ai oublié de manger. Ouvrir le frigo et décider de quoi me faire à manger en fonction des restants à passer; faire ça. Me faire un deuxième café (pas mal moins réussi que le premier). Ah oui, j’ai oublié d’aller faire pipi; faire ça. Le rythme cardiaque ralentit enfin.

Pis je repense à cette citation: « Une catastrophe de bruits divers. La vie. » Ouep, la vie, dedans, dehors, par terre, dans ma tête, sur les murs, dans les mots, chaque jour, toujours.

9h10. M’asseoir à la table de la salle à manger avec ma tablette pour lire le journal tranquillement en profitant d’un déjeuner dans le silence. Prendre une gorgée de café. Ouvrir la tablette et télécharger le journal. Prendre une bouchée. Penser au reste de la journée, à la vaisselle à laver, aux courses à faire, au souper, au déroulement de la routine du matin, me dire que ceci ou cela aurait pu mieux aller, me rappeler de ne pas me juger mais plutôt d’observer et de noter pour réussir à m’améliorer sans anxiété, et plein d’autres choses encore que je ne parviens pas à énumérer parce qu’elles défilent beaucoup trop vite. Être emmerdée par la vieille tablette qui tombe trop rapidement en veille et ne pas lire le journal. Manger en 5 minutes avec le brouhaha de mes pensées. Ah, la fameuse charge mentale… gérer ça, c’est aussi du sport!

9h15. La journée peut commencer. Je suis prête à aller me recoucher, moi là! I wish. Ben non, la journée va commencer: écrire un peu, faire du ménage, luncher avec un ami, plier du lavage, finir la sacréfice de vaisselle, faire ma méditation, envoyer quelques courriels prioritaires, faire un tour sur Facebook, rédiger les invitations pour la fête d’anniversaire du grand, préparer le souper, penser déjà à demain, c’est pas si loin.

Avant tout, je partage ces quelques pensées qui m’habitent en ce petit matin d’hiver comme les autres :

Les parents à la maison, vous êtes des champions, n’en doutez jamais.
Les parents qui concilient toutes les facettes de leur vie aussi.
Dans tous les cas, continuez à faire du mieux que vous pouvez en prenant bien soin d’être disponible émotionnellement quand vous êtes là physiquement; c’est tout ce que nous demandent nos enfants et c’est ce dont ils ont réellement besoin. Faut juste qu’on arrête de se juger, soi-même et les uns les autres, pour s’offrir de la douceur et de la compassion. Et un peu de temps à soi, on y a droit.

À toutes celles et ceux qui sont monoparentaux, je vous lève mon chapeau.
À tous les autres, n’oubliez jamais que votre partenaire et vous formez la plus belle et la plus importante équipe.
Dans tous les cas, être bien entouré est une chance immense nourrie par la reconnaissance et la gratitude. Comme la vie, de manière générale, tsé, surtout quand on prend le temps de rire, de sourire, de ressentir la joie et de respirer. Pis d’aimer, les autres comme soi, ça aussi on y a droit.

Ça a l’air que faire du sport a des vertus méditatives. Faites des enfants, qu’ils disaient. Finalement, c’est bon pour le coeur, le corps et l’esprit quand on y pense.

Bonne journée, bon lundi, pis bonne semaine, là! ❤

Une réflexion sur “Un matin comme les autres

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