Si vous ne le saviez pas, vous le découvrez ici: avant d’être en congé de maternité, je passais le plus clair de mon temps sur Internet, puisque mon emploi à temps plus-que-plein était webmestre et animatrice de communautés virtuelles du Parti Québécois. Dans un premier temps, j’avais la responsabilité de mettre à jour le site Internet et le blogue du Parti Québécois; cette charge de travail a rapidement été doublée de la responsabilité des sites Internet des députés et des instances (mise en ligne, formations, soutien technique, etc.). Dans un second temps, j’avais la responsabilité de mettre à jour et d’animer les comptes Facebook, Twitter, YouTube et Flickr du Parti Québécois, en plus d’offrir conseil et formation aux députés, au personnel politique et aux membres des instances. J’ai également eu le plaisir et le privilège d’être co-conceptrice de L’Atelier, la communauté d’action politique du Parti Québécois. En plus, je fais de la formation en entreprise et avec des OSBL sur l’utilisation efficace des médias sociaux et surtout sur l’intégration des communications dites traditionnelles et en ligne (la communication intégrée). Bon. Ça fait que je connais bien les zinternets, la politique, et les interactions que ces deux univers peuvent entretenir.
Je suis en congé de maternité, et pas peu heureuse d’avoir réussi à décrocher. N’empêche que ce qui se passe sur Twitter, surtout, me fascine et me garde au courant de la vie politique et des potins du Web 2.0. On sort la fille de la politique, mais pas la politique de la fille… 😛 Même en congé, je reste une observatrice avide de nouvelles découvertes et une politologue curieuse.
C’est à ce titre que j’ai été invitée à partager mon point de la vue avec les auditeurs du FM98 au Saguenay, pour l’émission Ségal en parle — avec Guillaume Lavoie pour l’été : les médias sociaux, qu’est-ce que ça mange en hiver ? changeront-ils la donne de la prochaine campagne électorale ? Je précise par transparence totale : je ne connais pas la stratégie du Parti Québécois pour la prochaine élection générale. Ainsi, l’entrevue porte sur le 2.0 en élection, pas sur les stratégies des partis, je vous rassure. OMG.
Remarquez, je ne prétends pas détenir la vérité — loin de là !, je ne fais que partager mon opinion. Je me méfie des pseudo gurus dont les adeptes boivent les paroles comme de l’eau bénite et répètent ces dernières à la lettre sans vraiment se les mettre en bouche. Bien des personnalités feront des analyses dans les prochaines semaines, sur ce sujet, mais rares sont les personnes qui connaissent assez bien ces trois univers pour avoir une opinion tranchée. Méfiez-vous de quiconque vous dira que « c’est comme cela que ça se passe » ou « voilà ce qui va arriver » parce que rien n’est moins dichotomique et relatif que les rapports humains, qu’ils soient sur le terrain ou sur les médias sociaux.
Dans mon entrevue, je m’efforce bien de présenter la réalité dans toute la profondeur et la richesse de ses nuances. Si les médias sociaux sont devenus incontournables en politique, c’est qu’ils sont fondés sur un concept fondamental à l’action politique: les réseaux sociaux. Que ce soit sur le terrain, sur Internet, lors des barbecues estivaux ou autour de la dinde de Noël, la nature sociale de l’interaction est au coeur de son efficacité. Par conséquent, je ne crois pas que ce soit l’utilisation efficace des médias sociaux qui fasse gagner un parti ou un autre; cette dernière reflètera surtout l’organisation sur le terrain, la profondeur et l’ampleur des réseaux des membres (candidats inclus), la confiance établie entre les parties prenantes ainsi que la capacité des organisations politiques à concevoir et diffuser un message pertinent en contenu et riche en émotions authentiques, plutôt qu’à tenter de le contrôler pour que les sympathisants se l’approprient et le diffusent et pour que les indécis s’informent adéquatement. Voilà ce qui fera gagner un parti politique. Pas la spin.
On peut gagner la bataille des médias sociaux, gagner la bataille des lettres ouvertes, gagner la bataille des médias traditionnels (imprimés, radio et télé), le vainqueur de la guerre électorale sera désigné circonscription par circonscription, par les électeurs de ces dernières. Enfin, si les médias sociaux peuvent faire une différence immense, ce sera à mon avis dans sa fonction critique et informative, grâce à la valeur de l’opinion fondée partagée par les pairs, conjuguée à la conversation réelle et aux débats riches en arguments que l’on peut y entretenir, entre autres par le biais des blogues. Là encore, ce sont les citoyens, qu’ils soient sympathisants à une cause, membres d’un parti ou indécis, qui feront évoluer le débat et qui contribueront à forger les opinions de leurs concitoyens par leurs questions, leurs propositions de réponses, le partage de leurs rêves et de leurs craintes. Je précise pour la forme que les politiciens sont des citoyens et qu’ils ont droit de cité (devoir de participation!) dans ce débat.
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Je n’ai pas dit tout ça et j’en ai dit bien plus encore dans l’entrevue diffusée ce matin (jeudi 26 juillet). Vous l’avez manquée ? La voici. N’oubliez pas que ce n’est pas mon métier, donner des entrevues… et qu’on n’a jamais le temps de tout dire en 10 minutes…
Écoutez mon entrevue sur SoundClound.
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Déjà, vous pouvez suivre sur Twitter la prochaine élection avec le mot-clic #Qc2012. Du côté de evollia, un autre point de vue sur la chose : un billet intéressant de Nicolas Roberge sur l’influence en ligne des candidats aux prochaines élections générales. Pour en savoir plus sur l’utilisation générale que font les Québécois d’Internet, visitez le site du CEFRIO où vous pourrez passer des heures à consulter les études et enquêtes aussi intéressantes que pertinentes.
Ici, je veux vous lire. Vous partagez mon point de vue… un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout ?
Les élus, les candidats, les organisations politiques, les militants sur les médias sociaux, avant, pendant et après une élection, vous en pensez quoi ? Vous suivez ou échangez avec tout ce beau monde-là sur les médias sociaux ? Vous évitez la dissonance cognitive ou vous appréciez plutôt confronter vos idées avec celles des autres ? Quelles sont vos sources d’informations, en élection et en « temps normal » ?
Dites-moi tout !
Bonjour,
Je suis de près Pierre Duchesne dans sa campagne. Je crois que les médias sociaux agiront et influeront sur le vote dans une certaine mesure. On l’a vu pendant la grève étudiante, on a vu que les médias sociaux étaient une forme de contre-pouvoir. Twitter, facebook sont devenus des lieux d’échanges pour les manifestants où ils pouvaient se concerter et mener des actions. J’espère que quelqu’un fera une étude sérieuse de l’impact des médias sociaux dans la prochaine campagne parce qu’elle jouera un rôle très important autant pour les politiciens que pour les citoyens.
Très d’accord. Les candidats qui vont utiliser effacement les « médias » sociaux seront ceux qui élargiront leur réseau social ou le solidifieront. J’en sais quelque chose. C’est ainsi que je développe ma carrère d’entrepreneur. Les outils internet ne me font pas gagner des contrats. Ils appuyent mon développement des affaires. C’est un accélérateur. En politique selon moi, c’est surtout le développement de liens de confiance à l’autre de ces outils feront gagner les élections d’un candidat.
Je suis contente de voir que d’autres partagent mon opinion qui m’apparaissait plutôt à contre-courant. On a tellement entendu d’analystes dire qu’il fallait que les partis politiques fassent « comme Obama » qu’on avait presque oublié que ce qui a fait gagner Obama est d’abord et avant tout « le terrain »: les militants, l’action politique concrète, l’organisation politique efficace.
Ainsi, je me permet d’amalgamer les commentaires de Mélanie et de Nicolas: les médias sociaux permettent d’élargir les réseaux sociaux réels des utilisateurs aux fins qui les stimulent: le contre-pouvoir, l’action politique ou le développement des affaires. Pour d’autres, encore, ce sera le partage de recettes, la télé-twitter en direct, etc. C’est un outil, sa force et sa pertinence dépendent de l’utilisation qu’on en fait.
Merci de vos commentaires tous les deux!