Ça arrive tellement peu souvent que ça mérite une entrée au journal: une soirée parfaite.
D’abord, je mentionne que mon petit garçon est devenu grand aujourd’hui. C’était sa première journée dans le groupe des 18-36 mois à la garderie. Ce changement en implique plusieurs autres: se rendre à la garderie à pieds plutôt qu’en poussette en raison de l’espace de rangement limité sur place et réservé aux poupons, passer du crochet pour les vêtements au casier avec banquette où s’asseoir pour mettre les souliers et les bottes, faire la sieste sur un tapis plutôt que dans un lit à barreaux, manger assis sans harnais sur la chaise, boire le lait dans un gobelet une fois par jour plutôt qu’au biberon deux fois par jour, un nouveau groupe d’amis dont plusieurs heureusement retrouvés, parmi lesquels la belle Alice. Un grand jour donc.
Aujourd’hui était aussi le retour des vacances. Pour maman et papa au travail après deux semaines de congé, pour fiston après une semaine de grasses matinées. Incapable de lui retirer Lion des mains pendant la marche de la maison à la garderie, je craignais le pire.
Il y avait donc une possibilité non nulle de chocs émotifs et de crises pour mon petit renard, d’une soirée mouvementée pour lui et moi – puisque Chéri est à l’extérieur pour le travail jusqu’à demain soir. Et pourtant…
Je suis arrivée à la garderie plus tard que prévu, j’ai donc manqué son éducatrice qui avait déjà quitté pour la soirée. Dans l’agenda, j’ai lu de bonnes nouvelles. « Bernard aime beaucoup jouer avec les amis, surtout Alice », pas de grande surprise là mais un grand soulagement! Il a bien mangé le repas et les collations, été d’humeur agréable et… a fait la sieste. Je suis étonnée. Je m’approche de la salle de jeux et découvre la seconde bonne nouvelle de la journée: pas de pleurs éperdus ou de cris de désespoir. J’ouvre la porte et ce que je vois confirme les faits. Bernard est assis avec les amis (bien qu’avec Lion pour le réconforter) et rit en jouant. Impressionnant. L’éducatrice qui termine la journée avec les enfants me confirme que Bernard a bien dormi et qu’il a passé une superbe journée.
Dès qu’il me voit, il lâche Lion et accourt en souriant. Il me saute des les bras, me donne un bisou et me fait un bec soufflé, se retourne vers l’éducatrice et les amis puis les salue d’un bye bye vraiment touchant. Câlin à maman. Bec soufflé aux amis. Doigt pointé vers la porte. Rire aux éclats. J’ai les larmes aux yeux.
La marche de retour se passe bien. Bernard me tient la main. Il pointe énergiquement tous les tut tut et tchou tchou qu’il voit c’est selon, pour désigner les véhicules, en mouvement ou pas. Il crie en voyant les za (chats) ou zan (chiens) qui font la promenade dans le quartier. Arrivés à la maison, il ouvre la porte, monte les marches, se dirige vers la cuisine, et pointe les gobelets en faisant la (lait) et opine de la tête quand je lui demande s’il veut du lait. Il cale ses 8 onces de lait froid, au gobelet, pendant que je prépare le souper. Il mange tout son pâté chinois auquel je dois toutefois ajouter un peu de ketchup pour faire passer l’assaisonnement d’adultes et avale ensuite sa nanane (banane).
Le téléphone sonne. C’est chéri, prêt à Skyper avec nous. Je dis à Bernard que c’est papa, et il se retourne en pointant l’entrée de la cuisine, scandant papa, papa, papa! Je lui explique que papa va être dans l’ordinateur, et nous passons au bureau pour lancer la conversation vidéo. Bernard ne frappe pas sur le clavier, il ne lance pas la souris, il a les yeux rivés à l’écran et envoie becs soufflés et salutations de la main à son père heureux de passer ces quelques minutes avec son fils. Fiston se lasse de l’écran et descend de mes genoux pour aller jouer un peu pendant que son père et moi échangeons brièvement sur nos journées respectives. Je lui raconte brièvement le contenu de ce billet, mais il en apprendra beaucoup, tout comme quand Bernard a forcé des changements à la garderie! 🙂
Skype terminé, je me dirige vers les marches et ouvre la barrière. Bernard monte les marches en chantant, ferme l’autre barrière en haut des marches et se dirige vers sa chambre où il joue gentiment pendant que je fais couler le bain. Il passe la tête dans l’embrasure de sa porte pour me faire des kiki (coucou) en riant, tout fier d’ouvrir et fermer sa porte de chambre et celle de la salle de bain, pendant que la baignoire s’emplit. Oh, il a bien fallu quelques minutes pour qu’il vienne enfin me voir afin de retirer ses vêtements et sa couche, préférant fixer le bain dans l’anticipation d’y jouer! Je l’ai attendu et il s’est approché quand il fut prêt.
Un beau bain plein d’éclaboussures et de rires. J’ai retiré le bouchon quand l’eau fut froide. Après avoir dit bye bye à l’eau qui coule en tourbillon dans le drain, il s’est levé et a tendu les bras. Un séchage et un enfilage de pyjama sans protestation, comme c’est parfois le cas, et une mise au lit sur demande de fiston lui-même, et sans un bruit, ont conclu cette soirée parfaite. Parfaite parce qu’imprévue, inattendue, douce et pleine de complicité: comme dans Du bonheur. Reste à voir comment ira la nuit; de toute manière, c’est vrai qu’« on oublie vite les mauvais moments pour ne se rappeler que des bons »! 😉
Ne manquait que Chéri avec qui la partager! J’avoue cependant que ce fut comme un petit plaisir coupable: une soirée en tête-à-tête avec son fils, suivie de quelques minutes « à soi » dans le silence de la maison rangée, font parfois un si grand bien…
Et vous, à quoi ressemblent vos soirées parfaites?
Mes soirées parfaites comportent beaucoup d’éléments mentionnés dans ton billet. Mais plus encore que les soirées, ce sont les matins parfaits qui font du bien à ma journée. Je suis seule avec mes deux petits tous les matins de la semaine, mon conjoint partant travailler très tôt. Les matins parfaits sont ceux où les enfants se lèvent assez tard pour que je puisse garder les yeux ouverts (donc passé 6h!) mais assez tôt pour qu’on n’ait pas à se presser, qu’on puisse se coller quelques minutes dans le lit. Lorsque j’entends mon plus grand qui console sa petite soeur d’un petit bobo pendant que je suis sous la douche, et qu’on fait la course pour qui sera habillé en premier. Ces matins où sans qu’on ait à dire quoique ce soit, tout ce qu’on met sur la table est dévoré, et où pendant que je range le tout, les deux enfants s’amusent ensemble, à faire une construction éphémère qu’on prendra en photo avec les deux qui feront « cheeeeeeeese!!!! » avec enthousiasme. Ces matins-là, tout le monde étant de bonne humeur, c’est souvent en chantant qu’on fait la balade en auto jusqu’à la garderie. On a le temps de chanter « bonne fête » dans les deux langues à une dizaine de personnes (c’est la chanson préférée de ma petite), avec à travers cela quelques exclamations sur les autobus, camions et autos, bien sûr. Et comme tout va bien depuis le lever, le dernier câlin/bisou avant mon départ de la garderie coule doucement aussi, et c’est le sourire aux lèvres que je pars pour le travail.
Wow! Laisse-moi te dire que c’est le sourire aux lèvres et… les larmes aux yeux que je commence ma journée de travail! 🙂
J’avoue que les bons matins sont aussi fantastiques, et que « pas trop tôt mais pas trop tard » est une formule magique.
Merci d’avoir partagé ça avec nous. Au plaisir de te lire encore souvent.