C’est tellement difficile de réussir à tout faire. J’ai l’impression de faire les choses à moitié ces temps-ci, de ne pas accomplir ce que j’entreprends à la hauteur de mes attentes. Suis-je trop dure avec moi-même, trop exigeante?
Une liste de défis, voire d’épreuves, pas en ordre de priorité ni de causalité, dans aucun ordre particulier.
Je suis maman
Mon petit renard vient de passer le fameux cap des 18 mois: comme ça va vite!
Il a porté fièrement ses premières bottines et maintenant il court, veut monter les marches comme un grand. Sa première tentative de les descendre comme un grand s’est soldé par son premier accident de déboulement. 😦 Maintenant, il y arrive presque, lâchant la rampe ou le mur pour une ou deux marches consécutives…
Il babille à n’en plus finir. « E-gâd », dit-il avec détermination en pointant l’objet de son désir momentané. « Maman » et « Papa » sont prononcés avec amour. Il crie de joie à la vue de ses parents et de ses proches. Il se dit « a-o » en tapant des mains énergiquement quand il accomplit quelque chose qu’il sait réussi ou qu’on attend de lui. Il veut aller « en haut » pour prendre le bain après le souper et « e-ors » une fois qu’on lui a mis ses bottines et sa casquette sur la tête. Il sait désigner sa tête, justement, de même que son nez et sa bouche. Il comprend ce que veulent dire « chapeau », fait « oui » ou « non » de la tête quand on lui demande s’il veut du lait et pointe le micro-ondes s’il le veut chaud. Il range ses jouets quand on lui demande et laisse sa suce dans son lit au lever.
Le petit renard est déjà si habile de ses petites mains, aussi! À l’aide de son tournevis Mégabloc, tenu fermement à deux mains, la langue sortie, concentré, il visse solidement la grosse vis en plastique dans son établi et met seul le casque de construction assorti à l’ensemble de jeu. Il mange avec une cuiller sans renverser et s’exerce à boire au verre. Il défait ma fermeture éclair de veste pendant que je change sa couche. Il joue à parler au téléphone en ouvrant lui-même un vieux cellulaire Nokia à rabat.
Il est si amoureux de ses cousines. Il fait les plus beaux câlins du monde, inattendus, comme des surprises généreuses offertes spontanément. Il ne fait pas encore de bisous, par contre…
Bernard va à la garderie tous les jours. L’arrivée et le départ des enfants se font dans une grande salle commune où tous se retrouvent avant de se séparer pour la journée en groupes d’âges ou pour la soirée avec les parents. Quand Chéri ou moi allons reconduire Bernard, le matin, les amis de tous les âges, mais surtout les tout-petits, se ruent sur lui pour l’accueillir, ce qu’ils ne font pas avec tous les enfants. Il donne des câlins à Rita et Arielle en arrivant et dit « ba-ba » en saluant tous les amis de la main avant de partir le soir. « Il leur fait la conférence le midi », expliquent les éducatrices, impressionnées. Il a commencé à tirer les cheveux des amis, surtout des amies, mais je suspecte qu’il s’agisse d’une technique pour les approcher, faire des câlins et se faire chatouiller le visage des cheveux doux; ça fonctionne du moins à tout coup avec maman! Il apprend déjà à partager ses jouets mais ne s’en laisse pas passer une quand il a une idée dans la tête. « Un petit chef qui rallie les amis à son jeu », disent les éducatrices et la directrice. Déjà l’idée fixe rassembleuse, les gestes malhabiles à parfaire.
Oh, ce n’est pas toujours la joie! Bernard s’est remis à se réveiller la nuit et à décider qu’elle est terminée à 6h (plutôt que les 7h à 8h30 auxquels il nous avait habituées). Les pré-molaires sont toutes sorties, espérons que ça passera! Il jette ses aliments par terre quand le repas servi ne lui fait pas envie ou quand il est rassasié. Il hurle de fatigue quand la sieste à la garderie n’a pas été satisfaisante. Il a commencé les crises de bacon quand on le contrarie.
Malgré tout, c’est évidemment le plus beau et le plus gentil des petits garçons. J’adore mon fils. Je suis fière de lui. Il me rend fière de moi. Il est si vif que ça me surprend. Il a tant d’initiative que ça m’impressionne. Il grandit si vite que ça m’étourdit.
Je suis une maman. Avec le lot de fierté, d’angoisse, d’amour, d’anticipation, d’appréhension, de planification que cela implique. Je suis consciente de mes responsabilités mais cela ne m’empêche pas – au contraire – de rêver d’un avenir meilleur pour mon fils. Je souhaite son autonomie et un développement sain lui permettant d’atteindre son plein potentiel tout en ayant mal de le voir grandir si vite. C’est tellement difficile.
Je suis une employée
Le retour au travail s’est bien passé. L’équipe dont je fais partie est constituée de gens dévoués, déterminés, généreux, sincères. Même s’il s’agit d’un emploi très stressant et que j’ai beaucoup de responsabilités, mon horaire est assez flexible et j’adore ce que je fais. Mais il s’agit d’un emploi politique: le boulot me suis tout le temps, du téléphone intelligent à l’insomnie, en passant par les notes prises à toute heure du jour ou de la nuit pour ne pas oublier l’idée percutante ou la formulation parfaite. Je n’oublie pas non plus qu’il faille décrocher pour conserver sa santé mentale et profiter de la vie.
Je travaille à l’émancipation de mon peuple. L’objectif est énorme, la tâche est colossale. La collaboration est fondamentale, l’investissement est personnel. La conciliation travail-famille-vie est un défi de tous les instants. C’est tellement difficile.
Je suis une femme, une épouse
Une chance que j’ai Chéri pour m’aider à traverser les moments de doute personnel, à surmonter les défis professionnels, à gérer les crises renardesques, à organiser la vie familiale, à payer les comptes à temps. Une chance que je l’ai pour me garder les deux pieds sur terre quand je pars sur une bulle. Je suis bénie d’être aimée, écoutée, respectée, gâtée! Je sens parfois que je n’arrive pas à redonner autant que je voudrais, à l’aimer comme il le mérite, à le gâter comme je le pourrais si j’avais un petit boulot tranquille. C’est normal?
Même si Chéri m’aime de tout son être, me complimente, me désire, me câline, m’apprécie, me remercie, je n’arrive pas à me sentir belle, désirable, à la hauteur de mon couple et de ses attentes – des miennes, peut-être… C’est tellement difficile.
Je fais partie d’une famille
Avec les amis et la famille c’est la même histoire: choyée à l’os mais tiraillée par l’horrible sentiment d’être trop peu disponible. Je remarque que Je suis maman occupe la plus grande place dans ce texte; c’est aussi la réalité de mon quotidien. Pourtant, j’ai des amis pour qui ça ne va pas, qui ont besoin de moi, et je sais que même avec toute la volonté du monde, je n’y arrive pas. Même les amis qui vont bien, je ne les vois pas!
En même temps, nous traînons Bernard avec nous partout et nous le faisons garder pour la nuit, chez sa Mamie (ma mère), presque aux six semaines. Ces soirées volées me permettent bien de décompresser mais pas de rattraper le temps perdu avec les amis… Au jour le jour, le temps n’arrête pas et il n’y a définitivement pas assez d’heures dans une journée. C’est tellement difficile de tout concilier.
Je suis humaine.
En carence de sommeil. Fatiguée des nuits mouvementées de mon fils et de mes journées de fous, incapable de récupérer. Malade des rhumes de la garderie, même en plein été (les pires!).
En manque d’exercice physique. C’est l’été, qui n’est pas ma saison préférée, et je déteste avoir chaud. Je ne sais pas comment Chéri fait pour s’entraîner ou aller courir quatre fois par semaine! Quand le petit est couché, que la vaisselle est lavée, que le linge est plié, il me reste à peine assez d’énergie pour écouter la télé.
Blogueuse. À mes heures. Je n’investis pas dans les relations avec d’autres blogueurs, je ne participe pas aux communautés d’intérêts qui devraient me passionner. Je n’ai pas de calendrier éditorial ni même plusieurs brouillons en attente de publication. C’est un peu pour ça que le blogue est devenu journal…
Rêveuse. C’est qu’il y a tant à faire! Des dizaines de billets de blogue me trottent dans la tête, des amis depuis trop longtemps revus, des conversations à finir et d’autres à entamer, des soupers reportés, de l’action politique à mener, des activités à faire, des lieux à visiter, des rêves à réaliser, un monde à changer, des gens à aimer, du cœur à donner. La vie à vivre. Et trop peu de temps.
Par où commencer?
Accepter ses limites.
C’est tellement difficile.
Un jour à la fois.
Voilà. Rien de très particulier à dire aujourd’hui. Juste un trop plein d’humeur à déverser, une tranche de vie à partager.
Fin. Pis toutte en boucle.
Ce que je connais de mon côté etk, tu réussis ytès bien.
Merci Bouchard! On essaie, on essaie.
J’ai l’impression de me lire tant je vie la même chose. C’est pas facile jongler avec toutes les sphères de nos vies. On va y arriver (en fait, tu y arrives déjà, ce billet en est la preuve ;))
Merci Marie-Christine. C’est gentil. Contente de te lire ici. J’avoue que le blogue que tu tiens avec ton chum me complexe vraiment: vous êtes si prolifiques… Jongler: c’est le bon mot! À chaque tour, on a peur d’échapper quelque chose. Les femmes fortes, qu’est-ce que tu veux, c’est ça qui nous arrive! Le doute nous rend meilleures, plus sensibles et plus à l’écoute, je pense.
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